dimanche 30 septembre 2012

L'Amitié Féminine

J'ai un souci... qui n'en est pas vraiment un.

Mais qui me pèse énormément.


Je n'ai plus, je n'ai pas, d'amiEs.


Je parle bien d'amiEs filles.


Car sinon je me satisfais très bien de mon groupe d'amis mecs. Ils sont là pour moi lorsque j'ai besoin d'eux, je suis toujours là pour eux, et heureuse de pouvoir leur être utile, les écouter et les soutenir.


J'ai déjà eu des amiEs, oui, bien sûr. Et même des meilleures amiEs.


Mais de vraiEs amiEs, sur lesquelles je pouvais compter, je ne sais pas. Je n'en suis pas sûre.


Ce que je peux vous dire, c'est que, mis à part l'anatomie, nous étions en tous points différentes.

Je m'excuse par avance pour les clichés. J'aimerais tellement ne pas avoir à dire ça. Mais c'est un poids immense que j'ai sur le coeur là, et je ne tiens plus.



Elles avaient toujours les mêmes sujets de conversation, voulaient parler de télé-réalité, de beaux mecs, d'histoires de cul et de boîtes de nuit... quand moi j'avais pris l'habitude depuis des lustres de parler de cinéma, de littérature, de politique et de psychologie avec mes amis masculins proches.


Mes passions étaient "des trucs de gamins", ou "des trucs de mecs".


Elles étaient très jalouses, et surtout terriblement possessives. En amour et en amitié. Souvent, je ne pouvais les voir que de tête à tête, car elles n'auraient pas supporté que je devienne bonne copine avec leurs autres copines, car "tu comprends, on est meilleures potes, et j'ai peur que si tu deviens amie avec elle tu me laisses tomber, et si tu as un mec pareil". Merci la confiance, hein.


Lorsque je me confiais, je n'étais pas prise au sérieux. Elles minimisaient les problèmes d'autrui pour dramatiser les leurs. Elles critiquaient les autres dans leur dos, sur leur physique bien avant de discuter de leurs actes, tout en se jetant des fleurs de temps à autre, ne cessant jamais de se comparer.

"Les autres", ça pouvait être aussi bien les gens qui passaient, que les amis ou la famille. Et moi je ne pouvais m'empêcher d'excuser leur hypocrisie, car après tout, je les aimais quand même, et je pensais qu'elles ne faisaient que montrer leur manque de confiance en elles-mêmes, la rivalité entre les femmes générée par le modèle patriarcal n'aidant pas.


Alors, ado, je gardais le silence et je laissais dire tout ce mal des autres, et ce bien d'elles-mêmes. J'aurais peut-être dû m'opposer et dire ce que je pensais de leur attitude, mais plus que tout je détestais les conflits, et suis persuadée que je n'aurais pas su leur ouvrir les yeux de toute manière.


Et puis mes amiEs ont commencé à dire du mal de moi, faire circuler des rumeurs mensongères, et m'insulter gratuitement comme elles l'ont fait avec les autres, draguer mes partenaires devant mon nez ou dans mon dos, les détourner de moi. Sur ce dernier point au moins je n'ai pas perdu grand chose. x')


Mêmes mes amiEs d'enfance s'y sont amusées. Surtout elles, en y repensant.


Je me suis remise en cause à chaque fois plutôt que de les remettre en cause elles. Après tout, je n'étais pas la plus jolie, ni la plus mince, ni la plus joyeuse. Je devais avoir mérité ce qui m'arrivait. C'était normal. Je n'étais pas "la mieux".

Mais pourtant, je n'avais rien fait contre elles. J'en étais persuadée, et je le suis toujours.

J'étais jeune, et je me suis remise en cause à chaque fois. Et puis, une fois adulte, j'ai pris le problème à l'envers.


Et si ça ne venait pas de moi ?


Je suis plus que consciente que tout ce dont je vous ai parlé correspond à des putains de clichés, et j'en suis infiniment désolée, car vous n'avez pas idée de ce dont j'aimerais pouvoir vous parler à la place...

Je me sens tellement loin de toutes ces inepties, tellement plus proche des hommes, alors que je préfèrerais pouvoir me sentir une femme comme les autres, proche des deux sexes. Mais non, moi je ne peux pas accepter ni de me sentir "différente", ni "supérieure" au reste de la population féminine, ni de faire partie de ce modèle de perfidie que j'ai eu en permanence sous les yeux, depuis ma génitrice jusqu'à mon ancienne meilleure amie. Alors que j'ai tellement d'amis hommes pour m'aimer telle que je suis. Même si j'ai aussi été énormément déçue par une partie.

Ce n'est pas parce que je parle de mon expérience personnelle que je généralise pour autant. Mais je VEUX connaître autre chose que cette expérience personnelle, j'en ai BESOIN même, ne serait-ce que pour me construire moi-même. 

Je ne veux pas avoir cette prétention d'être à part des autres femmes, d'"être mieux parce que je pense comme un mec". Parce que je ne pourrais pas être plus anti-féministe si c'était le cas.

Tout ce que je désire pour déconstruire un par un ces clichés, c'est de pouvoir m'engager dans une relation amicale non-superficielle avec une autre femme. Qui ne soit pas à sens unique. Pas forcément quelqu'un qui me ressemble, mais une véritable amie, avec des qualités humaines, comme mes amis en possèdent. Qui ne soit pas mon amie juste pour ne pas être seule, lui filer du fric, ou l'inviter à manger. Je n'attends même pas un retour particulier, mais simplement qu'on ne se foute pas de ma gueule. Du respect mutuel quoi. Comment ça c'est trop demander ? :o


"T'as qu'à te faire de meilleures amies plutôt que de t'attacher à des filles qui n'en valent pas la peine".


J'aimerais bien savoir ça à l'avance tiens.

Les gens qui sortent ça, c'est comme les gens qui n'ont jamais connu de PN. On dirait qu'ils ne se sont jamais attachés à qui que ce soit au fil de leur courte vie. Pour ignorer à quel point on ne choisit pas d'aimer une personne, y compris si elle est de nature profondément mauvaise.

Et je voudrais leur dire, que c'est pas faute d'avoir essayé de me faire "d'autres amiEs". J'ai essayé, autant au lycée, qu'à la fac, qu'en soirée, que sur le net ou pendant des évènements particuliers, de me rapprocher d'autres filles, proches de mes centres d'intérêt ou très éloignées, de mon âge, plus jeunes ou plus âgées, hétéro, lesb, pans, bi, cis ou trans. Bien sûr, j'ai à chaque fois pris la peine comme j'ai pu de mettre ces clichés de m****, véhiculés par mon expérience personnelle, (ainsi que ma timidité maladive T_T) de côté. Je me suis intéressée aux filles, à leurs vies, leurs sentiments, leurs passions, sans arrière-pensée, avec juste l'envie de passer un bon moment en leur compagnie, réel ou virtuel.

Et ça n'a fait que rallonger la liste des mauvaises expériences. *à ne pas prendre pour des généralités, on est bien d'accord*

Les filles sur le net, mis à part quelquefois Facebook, sont souvent des mecs en chien. Ou cherchent des plans cam pour se chauffer. Ou ne cherchent pas à parler à d'autres filles.

Les filles hétéro et/ou cis te mettent des vents en prenant ton initiative pour de la drague.

Les filles bi, pans ou lesb veulent une relation amoureuse, un plan Q, ou rien du tout.

Les filles trans trouvent bizarre que tu t'intéresse à elles ou à leur vécu, et du coup se méfient trop pour créer une relation de confiance. Pourtant je vous JURE que j'ai toujours fait extrêmement gaffe à justement ne pas être trop intrusive pour ne pas les déranger au sujet de leur sexe et de leur sexualité, parce que j'ai beau être curieuse de nature, ça n'empêche pas que c'est un sujet qui ne regarde qu'elles. J'essaye de me mettre à leur place même si je ne le serais jamais.

Tellement de travail sur soi-même et d'efforts, sur tant d'années passées à agir et cogiter, pour un résultat... nul, voire proche du négatif.

Donc, cher lecteur, et surtout chère lectrice, je veux que tu saches que si j'écris ce billet, c'est juste parce que je suis profondément TRISTE, de ne jamais avoir connu encore une fille ou une femme qui n'y correspondait pas de près ou de loin, à ces foutus clichés.

Et si le problème venait de moi je voudrais savoir ce que je dois changer. Pour changer leur regard si dur, à toutes.

Les seules personnes qui m'ont redonné de l'espoir récemment sont les femmes de ma belle-famille qui sont toutes adorables, comme le reste de la famille de mon chéri d'ailleurs. J'aime à penser qu'ils sont ma vraie famille dorénavant. Mais je doute un peu de faire partie de la leur, car l'arrivée de Corentin dans ma vie est encore un évènement assez "récent", même si j'ai l'impression qu'il en a toujours fait partie ^-^

Mais c'est néanmoins très encourageant.

Et puis il y a les filles que je suis de très près sur Twitter, qui se connaissent entre elles pour la plupart, mais qui ne me connaissent moi ni d’Ève ni d'Adam. Et qui ont l'air si inaccessibles avec leurs centaines, leurs milliers de followers, que je n'ose pas m'engager dans la moindre discussion. Alors que leurs idées me plaisent énormément, me font bouillir, m'inspirent. Peut-être est-ce la peur d'être ignorée. Ou déçue encore une fois.

Mais ce qui est sûr, c'est que si je ne fais rien, je ne risque pas de me rapprocher d'elles. Qu'elles soit là, présentes devant mes yeux, ou grâce à du code binaire retranscrit en lettres sur l'écran d'ordinateur.

Même si je suis quand même un peu fatiguée de leur courir après, à force qu'elles ne s'arrêtent jamais ne serait-ce qu'une seconde pour me laisser souffler.

Je ne veux pas rester sur cette impression.

Et je ne veux pas être jugée sur ça.



Slenderman

Il était une fois, un monstre sans visage, dont les longues jambes et les nombreux bras lui donnaient une fière allure d'araignée.

Retranché dans une forêt perdue, il comptait les couchers de soleil. Tout comme les visiteurs de son antre, qu'il suivait discrètement à travers la sylve verte et fraîche.

Le monstre était solitaire, mais il était surtout seul, désespérément seul; l'écorce des arbres se voyait chaque jour un peu plus recouverte de poèmes, de philosophies et d'appels à l'aide.

Il aurait voulu accueillir comme il se doit ces inconscients invités au creux de son foyer de verdure, les connaître; mais tout de lui, et tout ce qu'il pouvait faire, ne le rendait que plus effrayant, notamment sa silhouette longiligne d'arachnide et sa tête dépourvue de visage, qui ne pouvaient donc le résoudre à se montrer à quelqu'un d'humainement constitué, et les troncs de ses complaintes, aidant au lugubre et fantomatique de la forêt, pourtant si paisible.

Le monstre était seul et malheureux. Mais un jour, une petite fille se perdit au coeur du bosquet hanté...



Errance

Entre vertus noires et péché d'espoir
Ma conscience vacille sans jamais choir
Feuilles et fleurs à sèves éperdues
Au dernier sommeil de l'arbre perclus...