jeudi 24 novembre 2011

Sexomnie

Sexomnie.

Voilà un néologisme tout trouvé pour justifier les abus sexuels commis sur nous durant notre sommeil.

Les "victimes de sexomnie".
Bizarrement, ici, quand on parle de victime, on ne parle que de la personne qui s'est reveillée pour faire l'amour.
Et quand on est victime d'un "sexomniaque", on est quoi ?


Je vais vous raconter une petite histoire, l'histoire d'un viol parmi tant d'autres.

Cela faisait 6 mois que je filais le parfait amour avec Mathieu. Du moins j'en étais persuadée.
Durant 6 mois j'ai passé toutes mes nuits à ses côtés, des nuits passionnées.
C'était un homme attentionné, doux, câlin, drôle, travailleur, il était tout ce dont je rêvais.

Pourtant 6 mois plus tard, Mathieu n'était plus ce Mathieu que je connaissais pourtant par coeur.

Mathieu, ce jour-là, m'a envoyé des sextos toute la journée, comme souvent.
Et j'étais chaud bouillante évidemment.

Sauf qu'une fois le soir arrivé, Mathieu n'avait plus envie, était bizarrement grognon, et est allé se coucher directement après avoir mangé.
J'ai donc géré ma frustration et mon incompréhension comme j'ai pu en m'occupant, et ai rejoint le lit conjugal un peu plus tard, le trouvant encore éveillé.
Je l'enlaçais pour lui dire bonne nuit, et il se plaignait que j'étais collante. C'était la première fois qu'il me le disait. Je n'ai pas réussi à dormir avant 1h du matin.

Et puis, dans mon sommeil très lourd, il s'est passé quelque chose.
Je n'ai pas compris tout de suite. J'étais encore entre mon rêve et le lit.
J'avais mal, mais je ne savais pas à quel endroit ni pourquoi.
Je crois que j'ai bien mis 5 minutes avant de comprendre ce qui m'arrivait.

J'étais allongée sur le côté, et je sentais quelque chose, quelqu'un dans mon dos.
Puis je sentais que c'était Mathieu.
Puis je sentais qu'il me pénétrait.
Puis je sentais qu'il me pénétrait par derrière.
Là j'ai eu horriblement mal.

On était pourtant sans tabous ou presque. On se confiait tout. Il connaissait tout de mon passé. Les viols, les attouchements, les coups. On avait parlé de la sodomie, je lui avais confié que je ne voulais plus jamais retenter cette expérience après l'avoir connue avec un ex qui m'y forçait.
Et voilà que la personne en qui j'avais le plus confiance au monde me trahissait, comme ça, en me sodomisant sans mon consentement, par surprise, dans mon sommeil.

J'ai eu mal, j'ai crié, je lui ai crié d'arrêter, je me suis débattue, je l'ai supplié. Et il a joui. Pendant que je pleurais. Entre mes fesses. Et j'ai couru aux toilettes.

Je pissais le sang, je me vidais, c'était affreux, j'ai cru mourir. La douleur était toujours aussi vive. Je suis restée une demi-heure, comme ça, à pleurer sur les chiottes... pendant que l'autre se rendormait tranquillement.

L'autre, qui avait les yeux bien ouverts pendant qu'il me violait. Et qui n'a rien trouvé d'autre à faire que de me traiter de chieuse et de bonne à rien quand je lui ai reproché, que j'ai pris quelques affaires, et que j'ai quitté le domicile à 3h du mat, pour me rendre à pied chez ma mère, à 5 km de là.

Pour me supplier de revenir le lendemain, me harceler de mails, de textos, harceler mes amis pour que je réponde, s'incruster chez ma mère.
Dans ses discours, il n'était jamais question qu'il s'excusait, qu'il avait fait une connerie et que je le pardonne. Non, juste "qu'il ne comprenait pas mon geste, qu'il m'aimait et qu'il voulait que je revienne parce qu'il est heureux avec moi".

L'art du pervers narcissique de retourner la situation en sa faveur.

Conne très amoureuse que j'étais, j'y suis retournée une semaine plus tard.
Juste pour me convaincre que c'était un PN.

Les premiers jours il était adorable. Les jours d'après ont été l'enfer.

J'étais dorénavant la seule à s'occuper des tâches ménagères, à me montrer enthousiaste malgré les soucis quotidiens, à avoir envie de faire l'amour, malgré tout.
Lui se plaignait qu'il était fatigué, que je faisais mal, ou jamais assez, que je grossissais, que je demandais trop, que je dépensais trop (quand lui venait de s'offrir plus de 300 euros de jeux vidéos, se mettant en même temps à découvert), que je passais trop de temps sous la douche (j'y passais 5 minutes, tandis que lui prenait un bain tous les soirs). Jamais de câlins, à peine un baiser. Je finissais sur le canapé tous les soirs ou presque en pleurant. Je n'étais plus qu'un objet dans le décor. Et encore.
 

Sauf ces jours, ou ces heures, ou ces minutes, où il décidait subitement de me faire des compliments, d'être agréable, câlin, ou de faire la cuisine.

Lorsque je me confiais à de la famille ou des amis, ils le protégeait. Parce qu'il l'adoraient. C'est un mec rigolo et affectueux, le chouchou de ma mère, et puis t'as vu tout ce qu'il fait pour toi, et puis ses yeux quand il te regarde, il est dingue de toi ma vieille. Et puis on passe de trop bonnes soirées quoi.

 Ouais, surtout ces soirées durant lesquelles il m'humilie parce que je suis "une fille" et qu'on joue à un jeu de rôle, et "qu'une fille, ça ne sait pas jouer". Et personne ne voit rien. C'est doué un PN.

Il soufflait le chaud et le froid, passant d'une humeur maussade, à une humeur joyeuse, à une humeur monstre. Je subissais ses contradictions, et dès que je les mentionnais je n'avais plus droit qu'au mépris et au silence.

Puis j'ai eu une période de stage à 300 km du foyer. Le premier weekend en rentrant, nous avons fêté la saint-valentin en amoureux, sans aucun problème.

Puis le second weekend, j'ai retrouvé le monstre, qui venait de passer une semaine avec sa cousine. Et en même temps, j'ai trouvé une nouvelle boîte de capotes commencée sur le sol de la chambre à coucher. Et des gâteaux fait-maison dans le salon.

J'ai pété un câble, j'ai jeté ses gâteaux et ses capotes à la figure, et je suis partie. Définitivement cette fois.


Je ne saurais jamais si le fait de mettre cette boîte de capotes à portée de ma vue était intentionnel ou non, tellement il est manipulateur, mais à vrai dire je m'en fiche un peu.


Je me suis débarrassée d'un énième PN, et pas un petit. Je n'en suis pas sortie sans peine ni sans cicatrices, mais je m'en suis sortie, c'est tout ce qui compte.

Et je respire. Même si je ne lui pardonnerais jamais.


(j'ai également publié ce texte chez PolyvalenceMonPote à cette adresse)

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